- ARCY-SUR-CURE
- ARCY-SUR-CUREARCY-SUR-CURELe site préhistorique d’Arcy-sur-Cure (Yonne) est constitué par un ensemble de gisements en grottes disséminées dans la vallée de la Cure, à proximité de cette localité. Il offre le plus important groupe de cavernes longuement occupées par l’homme pendant la période paléolithique actuellement connu au nord de la Loire, en France. Outre la célèbre grotte du Renne, il comprend celles des Fées, du Loup, du Bison, des Ours, du Trilobite, de l’Hyène, du Cheval. Indépendamment, la grande caverne ouverte aux touristes a livré des vestiges archéologiques très récents: période de la Tène et époque gallo-romaine. L’intérêt majeur de ce site est de fournir de très longues séquences stratigraphiques assez bien datées généralement, grâce à l’abondance du matériel et aux fouilles méthodiques dont il a bénéficié. Sa longue occupation avait été mise en évidence par les fouilles de l’abbé Parat, au tout début du XXe siècle, notamment dans la grotte du Trilobite, dont l’utilisation semble avoir couvert presque tout le Paléolithique supérieur (plusieurs niveaux aurignaciens, protosolutréens et magdaléniens y furent distingués). La fouille du site a été reprise en 1946 par André Leroi-Gourhan, qui a différencié «quarante niveaux d’occupation» et qui pensait que «leur nombre aurait atteint soixante-dix, si les gisements avaient été vierges». La grotte de l’Hyène a livré des vestiges extrêmement anciens: les couches profondes renfermaient, associée à une faune interglaciaire comprenant notamment l’hippopotame et le castor, une industrie fruste de type clactonien. Les niveaux supérieurs se caractérisaient par des séries d’outillage moustérien indiquant plusieurs installations successives durant la glaciation de Würm. La présence de l’homme de Neandertal était attestée par la trouvaille de vestiges osseux (une mandibule et un maxillaire) appartenant à deux individus distincts. La grotte du Renne, découverte en 1947, a fait l’objet d’une fouille volontairement méthodique, poursuivie durant seize ans. Caractérisés par des industries moustériennes, les niveaux les plus anciens situent le début de son occupation vers la fin du Paléolithique moyen. Les niveaux suivants appartiennent successivement au Châtelperronien (pour les couches X à VIII, où furent découvertes des structures d’habitations circulaires «charpentées» avec des défenses de mammouth), à l’Aurignacien typique (couche VII), enfin au Gravettien (couches VI à IV).L’art pariétal paléolithique est également représenté par les décors de la grotte du Cheval dont les gravures rupestres furent découvertes en 1946, par un groupe de spéléologues qui explorèrent le boyau par lequel on accède, après soixante mètres de reptation, aux trois minuscules «salles» ornées. Au thème prédominant du mammouth, «accouplé» ici au bison, sont associés des raclages, des contours inachevés, de nombreux signes et des cervidés. Une admirable silhouette de cheval isolé se trouve à l’extrême fond du sanctuaire. Cette galerie ornée sur une quarantaine de mètres de parcours extrêmement pénible (le plafond, très bas, est rarement à un mètre de hauteur) doit être classée, selon Leroi-Gourhan, parmi les «sanctuaires en couloirs profonds qui semblent, d’après l’analyse statistique, avoir été particulièrement nombreux au Magdalénien moyen». En 1990, des peintures pariétales paléolithiques sont découvertes dans la Grande Grotte, cavité visitée pour ses concrétions. Des recherches menées par Michel Girard et Dominique Baffier (C.N.R.S.) ont mis en évidence des animaux, des signes et des mains négatives. Des espèces rares — mammouths, ours, rhinocéros, félin et oiseau — dominent le bestiaire. Le style, original, allie expressions évoluées et archaïsmes dans les figures animales. Le sol de fréquentation a livré des vestiges liés à la préparation des colorants et à l’éclairage (lampe, foyer). L’analyse au carbone 14 permettra de dater ce sanctuaire, remarquable par les thèmes iconographiques et par sa position septentrionale.
Encyclopédie Universelle. 2012.